Réflexions d'un simple préposé sur notre système de santé à l'ère de la Covid-19...

Je ne suis pas un oracle. Je suis seulement un travailleur essentiel du domaine de la santé qui recevra une prime de combat de 4$ l'heure parce qu'il est plus exposé qu'autrui à la Covid-19. Ce beau cadeau, qui doit bien cacher quelque chose (je suis un peu cynique, je m'en excuse...), sera pris sans pour autant atténuer l'inquiétude d'avoir bientôt à travailler auprès des malades comme si je devenais progressivement un gardien de prison plutôt qu'un ange gardien... Qui va les confiner à leurs chambres? Nous. Et pour combien de temps? Quand devrons-nous revêtir l'habit de cosmonaute au travail? Je n'en sais rien. C'est une charge mentale difficile. Je la supporte en faisant de l'humour avec mes prisonniers...

De mon point de vue rabat-joie, qui n'a rien de scientifique, le système hospitalier est en crise depuis quelques années à moins que vous ne vous soyez jamais rendus dans une salle d'attente à l'urgence... Ce système de santé plus ou moins laxiste et pourri, sous-financé, n'arrivait pas à traiter une grippe saisonnière ou bien une éclosion de gastro ni à respecter au pied et à la lettre les règles de la prophylaxie.
Une autre bébite s'ajoute, un virus, une contamination à un gaz répandu dans la nature ou bien un accident ferroviaire et notre système ne tient plus.

Les chaînes d'approvisionnement sont rompues. La panique, pire que les maladies elles-mêmes, vient compliquer la tâche des intervenants de la santé.

La crise économique est tout aussi inquiétante et provoque bien plus de crises d'anxiété qui finiront peut-être à l'urgence, à l'hôpital, en compagnie de la Covid-19.

Tout ce qu'on a trouvé comme solution c'est d'empiler les malades dans des dortoirs. C'est à se demander s'ils ne guériraient pas mieux sur le toit, à l'air libre...
Avant la pandémie, les gens se disaient de ne pas aller à l'hôpital pour une simple grippe, que ça faisait déborder inutilement les services de santé...

Au fond, ce système pourri avant la pandémie doit devenir excellent pendant la pandémie et c'est là, probablement, que nous rêvons tous. Ça va bien aller. Mais il faut s'ouvrir les yeux. Et il faudra nécessairement changer notre manière d'envisager la médecine, voire l'habitat de l'homo sapiens et son écosystème.

Je rêve d'une médecine où nous trouverions le temps et les ressources pour aller ausculter un aîné malade, directement dans sa résidence, au lieu de le faire poireauter dans un corridor, comme ça se faisait en 2015, en 2016, en 2017, en 2018, en 2019 et... en 2020. Les risques de contamination seraient probablement réduits. Et probablement que ça coûterait moins cher que de tout foutre à terre notre économie... Si le médecin ne peut pas se déplacer, qu'il envoie un drone...

Entéka...

Gaétan Boutch Bouchard
Préposé aux bénéficiaires

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