Des petits miracles

C'est un miracle quotidien que des gens se lèvent tous les jours pour aller prendre soin des personnes ayant des limitations physiques et/ou cognitives.

Beau temps mauvais temps le préposé devient les yeux, les bras et parfois la tête de plusieurs personnes en même temps pendant huit, neuf et parfois douze heures.

Le préposé se penche, bouge, se blesse et recommence toujours. 

Il est, pour la moment, celui ou celle qui est toujours le plus près de la tirette d'urgence.

Bientôt, si cela continue, le préposé sera doté d'une micropuce pour faciliter le contrôle des chirurgies à distance... En plus de faire les tâches traditionnellement confiées aux infirmières, pourquoi ne pas ajouter celles du chirurgien? J'ironise. Mais pas tant que ça. Je crains même d'avoir gaffé en écrivant cela. Ça pourrait leur donner des idées...

La population est vieillissante et les infrastructures sont d'autant plus rares que l'on pratique en haut lieu la loi de la jungle. On entretient le culte de la performance à tout prix, la violence économique et, pour tout dire, la perpétuation de l'injustice et de la ségrégation sociales envers les personnes qui représentent une dépense plutôt qu'un investissement.

Dans ce contexte, on se demande bien pourquoi quelqu'un ou quelqu'une puisse vouloir exercer la profession d'un métier où tu en as vraiment plein les bras.

Pour ma part, c'est parce que j'écoute trop de films et lis trop de romans.

J'ai idéalisé Anton Tchekhov et Docteur Jivago. D'autres de mes collègues me disent qu'elles ont pour modèles Docteur House. On n'est pas docteur, évidemment. Ni chirurgien. Mais on se raconte des histoires nous aussi pour sublimer le métier. Pour jeter sur lui un baume de fraîcheur et de poésie.

J'en viens aussi à vous parler des petits miracles.

De ces petits miracles sans lesquels l'on ne ferait jamais ce travail.

Parmi ceux-là il y a la guérison des patients et patientes dont on doit prendre soin.

On voit quelqu'un arriver, souffrant, démoli, avec un cancer qui lui ronge l'intérieur.

Puis, alors qu'on aurait cru que c'était fini, ce quelqu'un prend du mieux.

Il finit même par vous sourire, par vous parler, par vous remercier.

Et on n'y croie pas toujours. C'est ça un petit miracle. Un petit miracle auquel on a l'impression d'avoir soi-même participé, sans pour autant recevoir de médailles ou d'honneurs. Parce que les médailles et les honneurs ne sont jamais pour ceux et celles qui pratiquent les plus humbles des métiers, tout le monde sait déjà ça.

Par contre, il y a mieux que les honneurs.

Il y a cette gratification subtile de contribuer à l'élévation spirituelle et morale de l'humanité, aussi con que cela puisse paraître que de le formuler ainsi.

Je reviendrai bientôt à tous ces petits miracles.

Je me ferai moins didactique et plus descriptif prochainement.

Il faut bien mettre la table et aligner les ustensiles.

Je ne fais que commencer ce blog après tout...

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